Page:Corbière - Le Négrier.djvu/682

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pour se consoler, une maîtresse comme celle que je venais de retrouver. Bientôt enfin je savourai un bonheur pour lequel je ne me croyais pas fait. J’eus des jours de félicité et de calme, d’ivresse et d’enchantement, et pendant quelques années qui s’écoulèrent comme le songe d’une nuit paisible, je perdis pour ainsi dire, dans les bras de la plus aimante et de la plus aimable des femmes, l’âpreté et l’impétuosité de mon caractère. Courant, pour passer mon temps, à Porto-Ricco ou à la Côte-Ferme, pour aller chercher des bestiaux et les revendre dans l’île ; achetant des nègres sur tous les marchés pour les céder avec bénéfice, personne ne connut bientôt mieux que moi le prix d’un bœuf ou la différence d’un Cap-Laost à un Cap-Coast, ou d’un