Page:Corbière - Le Négrier.djvu/684

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dit-elle, et jamais l’on ne m’a vue fière de porter aux yeux du monde un titre qui blesse les mœurs de convention de cette société au milieu de laquelle il nous faut vivre. Mais je suis heureuse de pouvoir chaque jour t’offrir une preuve de dévouement. Une fois ta femme, ce sacrifice de tous les instans deviendrait un devoir. Ne gâtons pas, mon ami, le sentiment qui nous enchaîne si tendrement l’un à l’autre. Va, notre amour est plus précieux qu’un acte de mariage. J’ai deux années de plus que toi : dans dix ans, j’aurais peut-être à souffrir, comme épouse, ce que je me sentirai encore la force de te pardonner, s’il le faut, comme maîtresse. Et puis, mon ami, faut-il que je te le rappelle, à ma honte ? tu n’as pas été mon premier