Page:Corbière - Le Négrier.djvu/688

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de ma propre faiblesse. Ta douleur après la mort de ton ami, ta tendresse pour ton frère et ta préférence pour moi, tout ne me dit-il pas ce que tu es, ce que tu vaux, pour la femme qui a su le mieux te connaître ! et le mieux deviner ton cœur !

C’est ainsi que Rosalie m’enchaînait à elle, et enchantait toute mon existence. Mais quels que fussent notre félicité et notre attachement, j’éprouvais quelquefois un vide inexplicable, au sein même de mon bonheur : je me croyais né, sinon pour faire de grandes choses, du moins pour faire des choses non vulgaires ; et vivre toujours comme un bourgeois près de sa femme, me semblait ne pas user de sa vie : ce n’était pas, en un