Page:Corbière - Le Négrier.djvu/732

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rangés du mât d’artimon jusqu’à l’avant, et des fers pour tout ce monde. Des ignames, du riz et beaucoup d’eau pour leur nourriture : nos pistolets et nos poignards à la ceinture, et quelquefois à la main. Puis, vogue la galère, me dis-je. La maladie ne m’avait enlevé aucun homme.

Mais, autre contre-temps : il était dit que la corvette anglaise me contrarierait partout. J’étais sur le point d’appareiller, lorsque je reçus, par une pirogue du bas du fleuve, une lettre qui lui avait été remise par le capitaine de mon inexorable croiseur. Cette épître, fort laconique, était écrite insolemment en très bon français :

« Misérable forban, j’ai juré de ne quitter la côte d’Afrique qu’après t’a-