Page:Corbière - Le Négrier.djvu/737

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de mon coup de tête, je la bravais, défilant impunément avec bonne brise dans le canal du Nouveau-Calebar.

Mon équipage, à qui je venais d’éviter le désagrément d’être pendu au bout d’une grand’vergue, se jeta à mes genoux pour exprimer l’admiration que venait de lui inspirer mon heureuse audace. Je lui donnai double ration de rhum et d’eau, faveur inappréciable au commencement d’une traversée, où l’eau est ménagée avec plus de parcimonie encore que dans les caravanes qui franchissent les déserts du Soudan.

À la suite des impressions violentes que je venais d’éprouver, une traversée est bien monotone, même lorsqu’on croit avoir l’ennemi à ses trousses, et des nègres toujours prêts à se révolter et