Page:Corbière - Le Négrier.djvu/764

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misérable en aura deux ; mais qu’il me livre de suite sa victime.

— Oui, capitaine, mais il faut avant tout épouser Fraïda, et faire encore des cadeaux aux prêtres.

— Eh bien ! comment se marie-t-on ici ? Qu’on fasse vite : je consens à tout.

À la rapidité de mes gestes, tous les assistans devinèrent ma résolution. On enlève Fraïda a son bûcher, on me porte en triomphe ; et dans une grande case, où quelques frétiches en bois étaient élevés sur une manière d’autel, le grand marabout nous donne la bénédiction nuptiale ; mais je ne saurais trop dire ici quelle espèce de bénédiction, tant elle me sembla ridicule et dure à supporter. Certes il ne fallut rien moins que l’envie que j’avais d’arracher ma pauvre Fraïda