Page:Corbière - Le Négrier.djvu/775

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’un jeune chirurgien, dont les soins et l’art ont été si vains contre le fléau…

Pitre, le seul dont l’énergie a répondu à mon courage, remplace mon second… À chaque instant, il vient me prévenir que l’eau diminue, que le nombre des malades augmente, et que nous sommes encore loin de terre…

— Que veux-tu que j’y fasse ? Dépend-il de moi d’avoir de la brise ? Oh ! s’il ne fallait que jouer ma vie contre mille chances de mort, bientôt je vous arracherais tous aux terribles angoisses que vous éprouvez… Mais…

— Mais, capitaine, tous ces nègres aveugles, qui dévorent nos vivres, ne sont plus bons à rien… Ils donnent leur mal à ceux qui, dans la cale, sont encore bien portans. En supposant que