Page:Corbière - Le Négrier.djvu/797

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reur. Mais la pitié l’emporte. Un d’eux s’approche de moi, avec une sorte d’effroit, et presque en tremblant, me demande en anglais si le capitaine du navire existe encore. À ces mots : c’est moi, qui sortent de mes lèvres expirantes, il ordonne à ses gens de me transporter à son bord, avec les autres hommes de l’équipage à qui il reste encore un souffle de vie. Fraïda et mes fidèles chiens suivent le cadre sur lequel on m’enlève aux scènes affreuses qui ont si long-temps fatigué mes yeux.

C’était une patache de la douane de la Dominique, qui venait de nous rencontrer, en louvoyant au vent du canal. Nous n’étions qu’à six ou sept lieues dans l’est de cette île, sur laquelle les vents alisés nous avaient poussés en la-