Page:Corbière - Le Négrier.djvu/826

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comme s’ils ne devaient plus me revoir. Le bon curé du Mouillage voulut aussi me faire ses adieux. — Vous faites un fort triste métier, me dit-il, mais cela vaut encore mieux que de se suicider. Je suis bien vieux et vous bien souffrant ; mais on guérit plus facilement encore de votre maladie que de la mienne. Si vous ne me retrouvez plus ici quand vous reviendrez, Léonard, donnez encore un souvenir à votre vieil ami, je serai là-bas. Il me montrait le ciel en prononçant ces mots d’une voix émue et ferme qui me pénétra l’âme.

Il faisait nuit quand mes voiles se déployèrent. L’obscurité confondait tous les objets dans une seule masse, et je ne pus distinguer ni ma pauvre maison du Figuier, ni le cimetière des Pères-