Page:Corbière - Le Négrier.djvu/846

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fermée aux impressions vives. Je sentais cependant encore un besoin vague, celui de quelques émotions poignantes, ou le désir de mourir soudainement dans un combat acharné. Obéissant presque machinalement à un devoir, que je me rappelais par habitude plutôt que par reconnaissance, j’avais fait parvenir à ma mère et à mon frère une partie de cet argent que j’avais gagné sans avidité. Mais je n’avais plus assez de sensibilité pour jouir du bonheur de m’attendrir en pensant à ma famille. Autant valait enrichir mes parens que d’autres. Les ressorts de la vie intellectuelle avaient été trop cruellement brisés ou froissés chez moi, pour que je pusse encore caresser la perspective d’un avenir heureux. J’aurais été volon-