Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/178

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Ô sourire forcé de la crise tuée !
Sommeil Brise alizée ! Aurorale buée !


Trop-plein de l’existence, et Torchon neuf qu’on passe
Au CAFÉ DE LA VIE, à chaque assiette grasse !
Grain d’ennui qui nous pleut de l’ennui des espaces !
Chose qui court encor, sans sillage et sans traces !
Pont-levis des fossés ! Passage des impasses !


Sommeil ! — Caméléon tout pailleté d’étoiles !
Vaisseau-fantôme errant tout seul à pleines voiles !
Femme du rendez-vous, s’enveloppant d’un voile !
Sommeil ! — Triste Araignée, étends sur moi ta toile !


Sommeil auréolé ! féerique Apothéose,
Exaltant le grabat du déclassé qui pose !
Patient Auditeur de l’incompris qui cause !
Refuge du pêcheur, de l’innocent qui n’ose !
Domino ! Diables-bleus ! Ange-gardien rose !


Voix mortelle qui vibre aux immortelles ondes !
Réveil des échos morts et des choses profondes,
— Journal du soir : Temps, Siècle et Revue des deux mondes !