Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/210

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— Dis : moins éoliens étaient, ô Grazielle,
Tes Mâles d’Ischia ?… que ce pieux Jocelyn
Qui tenait, à côté, la lyre et la chandelle…
Et, de loin, t’enterrait en chants de sacristain…

Ces souvenirs sont loin… — Dors, va ! Dors sous les pierres
Que voit, n’importe où, l’étranger,
Où fait paître ton Fils des familles entières
— Citron prématuré de ta Fleur d’Oranger —

Dors — l’Oranger fleurit encor… encor se fane ;
Et la rosée et le soleil ont eu ses fleurs…
Le Poète-apothicaire en a fait sa tisane :
Remède à vers ! remède à pleurs !

— Dors — L’Oranger fleurit encor… et la mémoire
Des jeunes d’autrefois dont l’ombre est encor là.
Qui ne t’ont pas pêchée au fond d’une écritoire…
Et n’en pêchaient que mieux ! — dis, ô picciola !

— Mère de l’Antéchrist de Lamartine-Père,
Aurore qui mourus sous un coup d’éteignoir,
Ton Orphelin, posthume et de père et de mère,
Allait — quand tu naquis — déjà comme un vieux Soir.