Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/221

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Où je vais forcer dans mes bras
Ma moitié, comme moi sans âme ;
Et ma moitié : c’est une femme…
Une femme que je n’ai pas.

— L’idéal à moi : c’est un songe
Creux ; mon horizon — l’imprévu —
Et le mal du pays me ronge…
Du pays que je n’ai pas vu.

Que les moutons suivent leur route,
De Carcassonne à Tombouctou…
— Moi, ma route me suit. Sans doute
Elle me suivra n’importe où.

Mon pavillon sur moi frissonne,
Il a le ciel pour couronne :
C’est la brise dans mes cheveux…
Et, dans n’importe quelle langue ;
Je puis subir une harangue ;
Je puis me taire si je veux.

Ma pensée est un souffle aride :
C’est l’air. L’air est à moi partout.