Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/250

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C’est comme une moitié d’aveugle :
Elle est borgne, et n’a pas de chien…

C’est une rapsode foraine
Qui donne aux gens pour un liard
L’Istoyre de la Magdalayne,
Du Jvif-Errant ou d’Abaylar.

Elle hâle comme une plainte,
Comme une plainte de la faim,
Et, longue comme un jour sans pain,
Lamentablement, sa complainte…

— Ça chante comme ça respire,
Triste oiseau sans plume et sans nid
Vaguant où son instinct l’attire :
Autour des Bon-Dieu de granit…

Ça peut parler aussi, sans doute.
Ça peut penser comme ça voit :
Toujours devant soi la grand’route…
— Et, quand ç’a deux sous… ça les boit.

— Femme : on dirait hélas — sa nippe