Page:Corbière - Les Amours jaunes, 1873.djvu/278

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— C’est un soir, près Noël. — Le cotre est à bon port,
L’équipage au diable, et Bitor… toujours Bitor.
C’est le grand jour qu’il s’est donné pour prendre terre :
Il fait noir, il est gris. — L’or n’est qu’une chimère !
Il tient, dans un vieux bas de laine, un sac de sous…
Son pantalon à mettre et : — La terre est à nous ! —

… Un pantalon jadis cuisse-de-nymphe-émue,
Couleur tendre à mourir !… et trop tôt devenue
Merdoie… excepté dans les plis rose-d’amour,
Gardiens de la couleur, gardiens du pur contour…

Enfin il s’est lavé, gratté — rude toilette !
— Ah ! c’est que ce n’est pas, non plus, tous les jours fête !…
Un cache-nez lilas lui cache les genoux,
— Encore un coup-de-suif ! et : La terre est à nous !
… La terre : un bouchon, quoi !… — Mais Bitor se sent riche :
D’argent, comme un bourgeois : d’amour, comme un caniche…
— Pourquoi pas le Cap-Horn ![1] … Le sérail — Pourquoi pas !…
— Syrènes du Cap-Horn, vous lui tendez les bras !…


  1. . . . . . . . . . . . . Ce bagne-lupanar
    Qu’ils nomment le Cap-Horn, dans leur langue hâlée
    (Les Matelots) page 257.