Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/111

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ni des enseignements qu’il lui donne au cours de leurs promenades.

Il cite ses mots d’enfant et ses réflexions de jeune fille. Et de s’extasier encore : « Il est incroyable, le chemin que cette imagination a fait toute seule ; combien cela a rêvé ! Combien cela a réfléchi ! Combien cela a vu de choses… Voilà tout mon bonheur pendant votre absence. »

Il va plus loin, tant est puissant son instinct de grouper, d’associer tout ce qu’il protège, tout ce qu’il réchauffe, tout ce qui vit de sa vie. Il conte à Sophie le détail de son existence domestique. Il se plaint de l’humeur vraiment diabolique de Mme Diderot. Il avoue à son amie l’état lamentable où le met « un débordement d’injustice et de déraison » qu’il essuie pendant deux heures. Sûrement, sa femme lui fera rompre un vaisseau de la poitrine ou les fibres du cerveau. Parfois, il est obligé de se réfugier au cinquième, dans son cabinet de travail, et d’y manger seul. Et il craint bien qu’elle ne lasse jusqu’à la servante Jeanneton : « Cette mauvaise humeur chassera de chez moi la pauvre Jeanneton ; il est impossible qu’elle tienne ; j’en suis fâché, les