Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lesherbes répond : « Envoyez-les chez moi. Personne ne viendra les y chercher. » Grâce à sa bienveillance, à celle du comte d’Argenson, l’interdiction est levée l’année suivante.

L’édifice s’élève, contre vents et marées. En 1757, sur dix-sept volumes de texte, sept ont paru. Mais des défections se produisent : d’abord celle de Jean-Jacques Rousseau. Puis celle de d’Alembert. L’académicien estime qu’il n’est point assez payé pour jouer le rôle ingrat et périlleux de porte-enseigne. Et puis, il flaire le vent. Il sent que les mauvais jours approchent.

En effet, l’attentat de Damiens a réveillé les terreurs du roi. Il répudie tout libéralisme et rend sa confiance aux partis d’oppression. En vain Diderot s’est imposé le dur sacrifice de voiler sa pensée dans ses articles. Sous couleur de railler les Encyclopédistes, qu’on appelle les Cacouacs, on les représente comme des factieux, des perturbateurs de l’ordre. Des évêques, dans leurs mandements, dénoncent les intentions criminelles des philosophes. On poursuit l’Encyclopédie. En 1759, un double arrêt du Conseil d’État révoque le privilège accordé à l’ouvrage.