Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/139

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enfant, ce jour où, sortant du collège, parmi le cortège de ses camarades, les bras chargés de prix, des couronnes passées autour du cou, il regagnait le logis paternel. Peut-être l’ont-elles vu, en pleine célébrité, des années après la mort de son père, lorsqu’il fut accosté par un Langrois qui lui prit le bras et lui dit : « Monsieur Diderot, vous êtes bon ; mais si vous croyez que vous vaudrez jamais votre père, vous vous trompez. » Jamais propos, disait-il, ne lui fit tant de plaisir.

Certes, la place Chambeau a subi bien des transformations. Mais il existe un décor qui n’a pas changé, où Diderot se retrouverait aujourd’hui comme au temps où il y venait rêver à son amie : la romantique promenade de Blanchefontaine, aux portes de la ville. Il l’a décrite à Sophie, pendant son voyage de 1759. À l’extrémité d’une allée de grands arbres, jaillit une fontaine. Ses eaux coulent dans trois bassins placés les uns au-dessous des autres et reliés par des canaux en pente. Le dernier bassin est entouré de tilleuls. « Entre chaque tilleul, on a construit des bancs de pierre ; c’est là que je suis à cinq heures. Mes yeux errent sur le plus beau paysage