Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/146

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un ciel qui se fondait en eau ne m’a-t-il pas été favorable ? Le bruit d’un lit que le plaisir fait craquer se perd, se dérobe, ou est mis par une mère sur le compte du vent. C’est alors qu’on peut sortir de sa chambre sur la pointe du pied, qu’une porte peut crier en s’ouvrant, se fermer durement, qu’on peut faire un faux pas en s’en retournant, et cela sans conséquence. Ah ! si j’étais à Isle, et que vous voulussiez ! Ils diraient le lendemain : la nuit affreuse qu’il a fait ! Et nous nous tairions, et nous nous regarderions en souriant. » Mais ce ne sont pas là des réminiscences. Car, en 1760, jamais Diderot et Sophie ne s’étaient rencontrés à Isle. Et un certain « que vous le voulussiez » montre, au contraire, que, jusqu’alors, Sophie n’avait pas voulu.

Ce sont là des jeux de l’imagination. Il s’y plaît. Il s’y dépense. Après avoir célébré les Vordes, les peupliers d’Isle-sur-Marne, Diderot écrit : « C’est là que je sacrifierais à Pan et à la Vénus des champs, au pied de chaque arbre, si on le voulait, et qu’on me donnât du temps. Vous me direz peut-être qu’il y a bien des arbres ; mais c’est que, quand je me promets une vie heureuse, je me la promets