Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/155

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doucement de ces légers excès : « Et qui est-ce qui vous a permis de vivre comme ceux qui se portent bien ? » Sans cesse il s’inquiète. Dès les premières années de leur liaison, il interroge : « Plus de mal au sein ? Plus d’enflure aux jambes ? Plus de lassitude ? » Même de loin, il l’entoure de soins : « Veillez bien sur votre santé ; ne vous exposez pas au serein ; vous connaissez quelle méchante petite poitrine de chat vous avez et à quels terribles rhumes vous êtes sujette. » Tout l’attrait de Sophie Volland n est-il pas dans les dons éblouissants de cœur et d’esprit qui rayonnaient de son corps fragile ?

Au fond, qu’importe où s’arrêtèrent leurs caresses ? N’y a-t-il pas, dans le prix singulier qu’on attache au signe virginal, un reste de préjugé, de lointain fétichisme ? Un obscur besoin d’amour pousse deux êtres à supprimer entre eux toute barrière, à disposer de l’autre aussi librement que de soi-même : parmi les plaisirs qu’ils se donnent, en est-il un qui soit vraiment décisif ? Les bagatelles de la porte