Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/176

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conte que je fais. » C’était bien de ce bon Diderot qui, non content de s’émouvoir sur toutes les infortunes réelles, s’attendrissait encore sur celles qu’il imaginait.

Diderot a hésité près de dix ans avant de se rendre en Russie à l’appel de l’impératrice. En particulier, il s’effarait de mettre entre Sophie et lui une si longue distance. Et puis, un jour, il a cédé, il a passé outre. Il faut bien reconnaître que, ce jour-là, la grande Catherine l’a emporté sur Sophie Volland. Ce sera la dernière infidélité du philosophe à son amie.

En 1765, l’impératrice, qui déjà lui avait offert d’achever en Russie l’Encyclopédie persécutée en France, lui achète sa bibliothèque. Depuis quatre ans déjà, il cherchait à la vendre, afin d’assurer le sort de sa fille par un placement sur sa tête. Dès 1761, il écrivait à son amie : « À propos, ma bibliothèque est comme vendue. »

L’impératrice la lui payait quinze mille francs, la lui laissait de son vivant et l’en nommait bibliothé-