Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/45

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réaliser, à sortir une œuvre. Sans elles, son talent se serait peut-être émietté en petits articles, évaporé en causeries d’estaminet.

Mais elles sont déplorables quand elles se mêlent d’écrire. Car alors elles appellent leur grand homme à l’aide. Il lit. Il demeure atterré : la forme, le fond, tout serait à reprendre. Et alors, de deux choses l’une : ou bien le malheureux perd un temps démesuré à cette tâche surhumaine ; ou bien, découragé d’avance, il se borne à quelques retouches dont la dame ne lui sait pas suffisamment gré.

Diderot révisa donc les livres de Mme de Puisieux. « Elle écrivit, nous dit un bibliophile, le marquis de Paulmy, des romans et de petits traités de morale qui furent au moins passables tant qu’elle resta l’amie de Diderot. »

Elle-même fait allusion à l’aide de Diderot dans son livre Les Caractères, où l’empreinte de l’écrivain apparaît, en effet, dans des traits malheureusement isolés. Mais comme elle publia ce volume après sa rupture avec Diderot, elle crut devoir, tout en se targuant de son appui, le tourner en dérision. C’était sa façon de l’en remercier : « Monsieur D…