Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/54

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il nota surtout ses observations sur l’Histoire naturelle de Buffon.

Au bout d’un mois, la discipline se détendit. Le prisonnier fut transféré du Donjon au Château. Le gouverneur, le marquis du Châtelet, le traita dignement, lui offrit sa table, l’autorisa à recevoir des visites et même à se promener dans le parc.

Mais ce n’était tout de même pas la liberté. Au moment de l’arrestation de Diderot, le premier volume de l’Encyclopédie était prêt à paraître. J’aurai l’occasion de revenir sur cette entreprise formidable, qui fait corps, pour ainsi dire, avec le philosophe, puisqu’il l’anima de son souffle pendant près de trente ans. Comme il n’y pouvait guère travailler en prison, le sort de l’ouvrage risquait d’être compromis. Diderot s’adressa de nouveau au comte d’Argenson qui avait précisément accepté, quelques années plus tôt, la dédicace de l’Encyclopédie. Il observa « qu’il était l’éditeur de l’Encyclopédie, ouvrage de longue baleine, qui comporte des détails infinis auxquels il ne peut vaquer ». Les libraires qui devaient le publier appuyèrent de deux requêtes, très curieusement motivées, la demande de Diderot. Il fut