Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/73

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au château d’Isle, dans ce domaine dont elle fait ses délices, où elle peut jouer à la châtelaine et à la fermière, où elle échappera à la vie de Paris, si fatigante pour une femme de son âge.

Diderot se désespère à l’idée qu’on va entraîner Sophie au fond d’une campagne. Il lui souffle des conseils de révolte : « Dites à votre mère qu’une fille de votre âge a ses amis, ses connaissances, qui peuvent n’être pas les amis, les connaissances de sa mère. »

Il est tellement désemparé qu’il pèche par orgueil. S’il méprise le succès immédiat, l’adulation mondaine, il a confiance dans le jugement de la postérité. Chez lui, c’est un acte de foi. Alors, pour influencer l’adversaire, pour l’éblouir, il escompte sa gloire future, il la jette ingénument sur la balance : « Dites à votre mère que la plus grande considération dans la mémoire des hommes m’est assurée. »

Il va plus loin. Il écrit directement à Mme Volland pour « justifier sa conduite et celle de Sophie ». Mais la lettre est fort longue. Et comme il s’échauffe à mesure qu’il écrit, de même qu’il s’échauffe à me-