Page:Cormon et Crémieux - Robinson Crusoé, 1867.djvu/38

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Ton pouvoir est grand !
Mon âme est heureuse
En le célébrant !
Tamoyo, mon frère,
Tu frappes l’écho
De ton chant de guerre,
Le mien est plus beau,
Et Dieu le préfère,
Frère Tamoyo !

Il aperçoit Robinson, qui le regarde et l’écoute.

Oh ! maître… bon maître !

Il court à lui, se jette à ses genoux et baise la terre.

ROBINSON, le forçant à se relever.

Cher enfant ! relève-toi. L’homme ne doit se prosterner qu’aux pieds de Dieu !

VENDREDI.

Oui, mais Vendredi a deux dieux !

ROBINSON, souriant.

C’est beaucoup.

VENDREDI.

Un, là haut, qui l’a créé un, ici, qui le protége.

ROBINSON.

Crois-moi, celui-ci n’est pas un Dieu ! c’est un ami ta place est dans ses bras et non pas à ses genoux. Le jour où je t’ai sauvé la vie, c’est le vrai Dieu qui t’envoyait à moi pour apaiser mes douleurs et me rendre la joie ! C’est moi qui dois le remercier chaque jour du présent qu’il m’a fait.

VENDREDI.

Alors, quand le maître a sauvé Vendredi, que les ennemis voulaient manger, c’est Vendredi qui a rendu service au maître ?… Ça qui est drôle !

ROBINSON.

Espiègle, va ! La logique des enfants ! Mettons la table et prenons ensemble le repas du soir.

VENDREDI, prenant la corbeille.

Tiens, regarde, maître, belle récolte !… beaux fruits… Oh ! yo !… yo !… Ça qui est bon !