Page:Cormon et Crémieux - Robinson Crusoé, 1867.djvu/56

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Comme si l’un de nous pouvait vivre sans l’autre !
SUZANNE, l’embrassant.
Oui, comme si nous étions deux
ENSEMBLE.
La mort approche,
Mais bravons-la !
La même broche
Nous unira !
TOBY, réfléchissant.
Et si pourtant, dans sa clémence amère,
Ce cuisinier insidieux
Voulait absolument soustraire
Au supplice l’un de nous deux !
SUZANNE.
Alors, ô mon ami, renonçant à te suivre,
– La femme est ici-bas pour se sacrifier, –
Je me sens le courage affreux de te survivre
Pour passer tous mes jours à pleurer, à prier !
Car, on l’a dit, le sort funeste
Est de survivre à son malheur,
C’est pour celui qui reste
Qu’est toute la douleur !
TOBY.
O sublime folie !
Tu condamnerais ces beaux yeux
A me pleurer toute la vie !
Non, non ! jamais ! à moi ce sort affreux !
Je vivrai !… Je le veux !
Car, tu l’as dit, le sort funeste
Est de survivre à son malheur,
C’est pour celui qui reste
Qu’est toute la douleur !
SUZANNE.
A moi, le fardeau de la vie !
TOBY.
A moi, de pleurer mon amie !
SUZANNE.
A toi, les douceurs du trépas !
TOBY.
Toi, dans le ciel tu m’attendras.