Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et tandis que sur elle appliquant mon étude, 70
J’emploierai pour te peindre[1] et pour te divertir
Les talents que le ciel ma voulu départir,
Reçois, avec les vœux de mon obéissance,
Ces vers précipités par ma reconnoissance.
L’impatient transport de mon ressentiment 75
N’a pu pour les polir m’accorder un moment.
S’ils ont moins de douceur, ils en ont plus de zèle :
Leur rudesse est le sceau d’une ardeur plus fidèle ;
Et ta bonté verra dans leur témérité,
Avec moins d’ornement, plus de sincérité. 80


    Cumque tuas veneror Charites, et musa requirit
    Quæ placeant, magnæque parent solatia menti,
    Accipe præcipiti mea cannina condita vena.
    Carmina perpetui testes, et pignora cultus :
    Imperfecta quidem, nec enim tua dona sinebant
    Esse diu immemorem, ars nostro successit amori.
    Et si lingua rudis, latet imis sensibus ardor ;
    Nostraque plus fidei quam fastus verba recondunt ;
    Nam quo musa magis caret arte, minusque leporis
    Invenies, magis est pura et sincera voluntas.


  1. Pour te plaire, dans les Œuvres diverses et dans les éditions postérieures.