Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/120

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Entrée des villes rebelles[1].

Tel entrant ce grand roi dans ses villes rebelles
De ces cœurs révoltés fait des sujets fidèles ;
Un profond repentir désarme ses rigueurs ;
Et quoique le soldat soupire après la proie,
Il l’apaise[2], il l’arrête, et se montre avec joie 35
Et père des vaincus, et maître des vainqueurs[3].


Punition des villes rebelles[4].

Enfin aux châtiments il se laisse forcer :
Qui pardonne aisément invite à l’offenser[5],
Et le trop de bonté jette une amorce au crime.
Une juste rigueur doit régner à son tour ; 40
Et qui veut affermir un trône légitime
Doit semer la terreur aussi bien que l’amour[6].

  1. Le titre de la partie du poëme de Beys qui correspond à cette inscription est Entrée dans les villes rebelles. — Au printemps de 1622, « le Roi laissa quelques troupes devant la Rochelle et marcha sur Royan, dont le port fermait l’entrée de la Gironde ; il s’en empara et s’avança en Guienne ; Tonneins fit une résistance désespérée ; Sainte-Foix se rendit ; Negrepelisse (petite ville du Quercy) fut prise d’assaut et incendiée : tout y fut massacré, même les femmes et les enfants ; partout les protestants se défendaient avec fureur ; partout se renouvelaient les résistances et même les cruautés de la guerre des Albigeois. » (Histoire des Français par Théophile Lavallée (1839), tome III, p. 57.)
  2. Il apaise, dans l’édition originale ; mais c’est encore là une faute évidente.
  3. Ici Corneille se traduit lui-même. Voyez plus haut, p. 69, vers 47 et note 2.
  4. Voyez ci-dessus la note 1.
  5. Corneille répète ici un vers de Cinna (acte IV, scène ii, vers 1160 ; voyez tome III, p. 436).
  6. Les idées exprimées dans ce sixain rappellent ce qui se passa à Negrepelisse, Les habitants avaient égorgé pendant la nuit un bataillon de troupes du Roi logées dans leurs murs. Louis XIII mar-