Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/150

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N’eut point de plume si charmante
Ni d’auteur qui pût l’égaler :

Nos nouveaux ne paroissent guère,
Et sitôt qu’il a su parler,
Ils ont tous appris à se taire.

Il est probable que ces vers, assez intéressants en ce qu’ils constatent la bienveillance de Christine à l’égard de Corneille, furent écrits avant ceux qu’on va lire, et que notre poëte crut devoir rendre à Campion compliment pour compliment et sonnet pour sonnet. Bien que celui de Corneille ait été publié en 1808 dans le Magasin encyclopédique (tome IV, p. 100), en 1843, par M. Léon de Duranville, dans la Revue de Rouen (premier semestre, cahier d’avril, p. 222), et le 22 juin 1846 dans l’Impartial de Rouen, il a été réuni pour la première fois aux Œuvres complètes dans l’édition de Lefèvre, terminée en 1855 (tome XII, p. 59), où il porte à tort la date de 1647. — Alexandre de Campion, poëte et diplomate, né à Rouen en 1610, mourut vers 1670. Voyez sur lui le Manuel du bibliographe normand, par Ed. Frère, tome I, p. 173 et 174.


Invincible ennemi des rigueurs[1] de la Parque,
Qui fais, quand tu le veux, revivre les héros,
Et de qui les écrits sont d’illustres dépôts
Où luit de leur vertu la plus brillante marque,

Notre France aux chrétiens donne en toi leur Plutarque, 5
Et les nobles emplois de ton savant repos,
Traçant leurs grands portraits, offrent à tous propos
De fidèles miroirs aux soins d’un vrai monarque.

J’ai quelque art d’arracher les grands noms du tombeau,
De leur rendre un destin plus durable et plus beau, 10
De faire qu’après moi l’avenir s’en souvienne ;

  1. On lit erreurs, mais à tort, dans l’édition de Lefèvre.