Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/190

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Tracer de ton portrait quelques traits éclatants.
Par eux de l’Andromède il sut ouvrir la scène[1] ;
On y vit le Soleil instruire Melpomène[2],
Et lui dire qu’un jour Alexandre et César
Sembleroient des vaincus attachés à ton char[3] : 40
Ton front le promettoit, et tes premiers miracles
Ont rempli hautement la foi de mes oracles.
À peine tu parois les armes à la main,
Que tu ternis les noms du Grec et du Romain[4].
Tout tremble, tout fléchit sous tes jeunes années ; 45
Tu portes en toi seul toutes les destinées ;
Rien n’est en sûreté s’il ne vit sous ta loi :
On t’offre, ou pour mieux dire, on prend la paix de toi ;
Et ceux qui se font craindre aux deux bouts de la terre,
Pour ne te craindre plus renoncent à la guerre. 50
Ton hymen est le sceau de cette illustre paix[5].
Sur ces grands coups d’État[6] tout parle, et je me tais ;
Et sans me hasarder à ces nobles amorces,
J’attends l’occasion qui s’arrête à mes forces.
Je la trouve, et j’en prends le glorieux emploi, 55
Afin d’ouvrir ma scène encore un coup pour toi :

  1. Var. Par ceux de l’Andromède il sut ouvrir la scène. (Délices.)
  2. Var. On y vit* le Soleil prédire à Melpomène
    Que nous verrions un jour Alexandre et César
    Ainsi que des vaincus attachés à ton char.
    (Édition de 1663 et Délices.)

     * Granet dit par erreur que l’édition in-4o porte : « On y voit. » Cette leçon ou plutôt cette faute ne s’y trouve pas, mais elle est dans les deux éditions des Délices.

  3. Voyez tome V, p. 317, note 4.
  4. D’Alexandre et de César, qui viennent d’être nommés au vers 39.
  5. Voyez tome VI, p. 254, note 1.
  6. Ainsi dans l’édition in-4o, dans les Délices et dans l’édition de 1667. On lit incidents, au lieu de coups d’État, dans les Œuvres diverses et dans toutes les éditions suivantes. Granet est sans doute l’auteur de ce changement.