Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/221

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Que des plus vaillants même il est l’étonnement.
Des armes qu’il arrache aux mains qui le combattent
Il commence un trophée où ses vertus éclatent ;
Et pour forcer la Flandre à prendre un joug plus doux, 215
Les pals les plus serrés font passage à ses coups[1].
Mais où va m’emporter un zèle téméraire ?
À quoi m’expose t-il ? et que prétends-je faire,
Lorsque tant de grands noms, tant d’illustres exploits,
Tant de héros enfin s’offrent tous à la fois ? 220
Magnanimes guerriers, dont les hautes merveilles
Lasseroient tout l’effort des plus savantes veilles,
Bien que votre valeur étonne l’univers,
Qu’elle mette vos noms au-dessus de mes vers,
Vos miracles pourtant ne sont point des miracles : 225
L’exemple de Louis vous lève tous obstacles.
Marchez dessus ses pas, fixez sur lui vos yeux,
Vous n’avez qu’à le voir, qu’à le suivre en tous lieux,
Qu’à laisser faire en vous l’ardeur qu’il vous inspire,
Pour vous faire admirer plus qu’on ne vous admire. 230
Cette ardeur, qui des chefs passe aux moindres soldats,
Anime tous les cœurs, fait agir tous les bras :
Tout est beau, tout est doux sous de si grands auspices,

    Carolus incensus stimulis, et utroque parentum
    Sanguine, spem gestis, sensu præverterit annos,
    Exsequar ? utque manu prostrato ex hoste tropæa
    Vi raperet, raptisque viam sibi rumperet armis ?
    Sed neque tot procerum virtus insueta ducumve,
    Sive senum labor et Martis constantior usus,
    Seu juvenum Lodoici animis audacia certet.
    Scilicet ex illo vigor omnibus, omnibus idem

  1. On lit dans la Relation (p. 210 et 211), à la date du 23 août : « Il y eut quelques volontaires blessés… entre autres le comte de Saint-Paul au bras… mais…assez légèrement. »