Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/237

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Bien qu’il t’ait consacré ce qui me reste à vivre[1], 15
S’épouvante, t’admire, et n’ose rien de plus.

Je rougis de me taire et d’avoir tant à dire ;
Mais c’est le seul parti que je puisse choisir :
Grand Roi, pour me donner quelque loisir d’écrire,
Daigne prendre pour vaincre un peu plus de loisir[2] ! 20




Idem latine[3]

Quis te per medias hiemes, Rex maxime, turbo,
Quisve triumphandi præscius ardor agit ?
Quis deus in sacra fulmen tibi fronte ministrum,
Quis dedit ut nutu mœnia tacta ruant ?

Venisti, et populos provincia territa subdit, 5
Qui tua suspiciant lilia, jura probent ;
Quodque alio absolvant vix integra sæcula rege,
Hoc tibi ter terni dant potuisse dies.

Ecce avida famam properans dum devorat aure,
Et quærit reduci quæ tibi Musa canat, 10
Præcipiti obruitur cursu victoris, et alta
Spe licet arripiat plurima, plura videt.

Impar tot rerum sub pondere deficit ipse

  1. Dans l’édition de Santeul : « ce qui lui reste à vivre. »
  2. Boileau se rappelait sans doute ces vers, lorsqu’il commençait ainsi sa huitième épître, composée en 1675 :
    Grand Roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire.
  3. Ce titre est celui des éditions originales. De la Rue y ajoute dans ses Idyllia : « Ab eodem auctore P. Cornelio. »