Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/300

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suite. On manda toutes les pauvres familles des marchands, auxquelles on distribua des aumônes.

« Enfin, pour remplir entièrement les vues du Roi, ils firent décorer la chapelle des merciers par un tableau du célèbre le Brun, qui se voit au rétable du maître autel du Sépulchre[1].

« Le dernier jour des quarante heures on apprit que la citadelle de Besançon s’étoit rendue le 22 mai. Dans les réjouissances publiques pour cet événement, on fit un grand feu de joie devant la porte du bureau et de chacun des gardes en charge, chez lesquels il y eut jusqu’à deux heures après minuit table ouverte pour les honnêtes gens. Au dehors on distribua des bouteilles de vin à tous ceux qui en voulurent ; on ne laissoit passer personne sans le faire boire à la santé du Roi. »

« Ces fêtes furent répétées pour la prise de Dôle, rendue le 6 juin. Il y eut de plus au bureau une grande collation, à laquelle M. le lieutenant général de police, M. le procureur du Roi et les anciens gardes furent invités.

« Pour transmettre les témoignages publics de leurs sentiments pour S. M., les marchands merciers prièrent M. de Santeuil de faire un poëme sur ce sujet, et M. Corneille voulut bien le traduire. »

Le poëme de Santeul[trad 1], traduit par Corneille, est l’explication d’un emblème gravé par F. Chauveau, et représentant un soleil qui résout en pluie les vapeurs qu’il a tirées de la terre, avec cette devise : Magno cum fœnore reddit. Les vers latins, imprimés en 1674 dans le format in-folio, chez Pierre le Petit, sont signés : Santolius, Victorinus, et la traduction française qui les accompagne : P. Corneille. La bibliothèque Mazarine possède un exemplaire de cette édition sous la marque C274, A9. On conserve à la Bibliothèque impériale un exemplaire d’une édition in-8o des mêmes poëmes, portant la même adresse et la même date, mais dans lequel ils sont tous deux anonymes ; on trouve aussi dans le même établissement une autre pièce

  1.  
  1. « Le tableau qui représente la résurrection de Jésus-Christ est un des plus beaux du célèbre le Brun… En peignant Jésus-Christ sortant du tombeau, il représenta Colbert, le protecteur du commerce et des arts, tenant un des coins du linceul. » (Millin, Antiquités nationales, tome III, § xxvii, p. 9 et 10. Église du Saint-Sépulcre, département et district de Paris, section des Lombards.)