Qu’en maître souverain de ce brillant séjour
Il règle les saisons et dispense le jour,
Il ne dédaigne point d’épandre ses lumières
Sur les sables déserts et les tristes bruyères,
Et sans que pour régner il veuille aucun appui,
Il aime à voir l’amour que la terre a pour lui :
La terre qui l’adore exhale des nuages
Qui du milieu des airs lui rendent ses hommages ;
Mais il n’attire à lui cette semence d’eaux
Que pour la distiller en de féconds ruisseaux,
Et de tous les présents que lui fait la nature
Il n’en reçoit aucun sans rendre avec usure.
O vous, célèbre corps, à qui de l’univers
Tous les bords sont connus et tous les ports ouverts[1] ;
Vous par qui les trésors des plus heureuses plages
Viennent de notre France enrichir les rivages,
Nil telluris egens, patrio cum solus Olympo
Jam valeat sese asserere, et regnare per astra,
Ille tamen steriles non dedignatur arenas
Respicere, et campos radiis recreare jacentes :
Quod si forte novo tellus afflata calore
In tenuem exhalet nebulam, imbriferumque vaporem
(Grata quidem, supero sed inania munera soli),
Excipit hunc primum, radioque humente tepentis
Semina cogit aquæ, nutritque, fovetque propinquam
Desuper irradians nubem ; quam deinde refundit
Prodigus, et terras meliori munere ditat.
O fortunati tanto sub principe cives !
Optima pars urbis, gemino gens nota sub axe,
Quorum nominibus sese ultima littora, et omnes
Undique se portus, sese maria omnia paudunt,
- ↑ Traduction de ces mots du poëme de Santeul : gemino gens nota sub axe, qui sont la reproduction textuelle de la devise du corps des merciers, dont l’écusson est gravé à la fin des vers de Corneille dans l’édition in-folio.