Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/330

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Ton grand cœur, inflexible aux rigueurs, aux caresses,
Triompha de la force, et se rit des promesses ; 40
Et comme un grand rocher par l’orage insulté
Des flots audacieux méprise la fierté,
Et sans craindre le bruit qui gronde sur sa tête,
Voit briser à ses pieds l’effort de la tempête,
C’est ainsi, Pellisson, que dans l’adversité 45
Ton intrépide cœur garda sa fermeté,
Et que ton amitié, constante et généreuse,
Du milieu des dangers sortit victorieuse.
Mais c’est par ce revers que le plus grand des rois
Sembloit te préparer aux plus nobles emplois, 50
Et qu’admirant dans toi l’esprit et le courage,
De la Bastille au Louvre il te fit un passage,
Où ta fidélité, dans son plus grand éclat,
Conserve le dépôt des secrets de l’État[1].

    Te vis nec auri blanda, sævi
    Nec moveat metuenda ferri.

    Stares, sonanti littore qualiter
    Immota rupes mole stat ardua,
    Fluctus retundens : sic et olim
    Te populi stupuere stantem.

    Defuncta duris quando laboribus
    Tandem triumphavit tua pertinax
    Constantia, absque ulla pudoris
    Vel fidei violatione.

    Sic et probari debuerat fides
    Ac fortifudo, judice principe,
    Usus in arcanos vocanda
    Ad penitos Luparæ recessus.

  1. Traduction poétique du titre de secrétaire du Roi. Voyez la notice de la pièce.