Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/378

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Je ne m’attachai plus qu’à chercher des défauts 95
Qui détruisant ma flamme adoucissent mes maux ;
Mais las ! cette recherche un peu trop téméraire[1]
Produisit à sa cause un effet bien contraire ;
Et vos attraits par elle à mes sens mieux offerts[2],
Au lieu de les briser redoublèrent mes fers. 100
Plus je vous contemplai, plus je connus de charmes[3],
Contre qui ma raison me refusa des armes ;
Et sans cesse l’amour, par de vives clartés,
Me découvrit en vous de nouvelles beautés.
Tout ce que vous faisiez étoit inséparable 105
De ce je ne sais quoi sans qui rien n’est aimable ;
Tout ce que vous disiez avoit cet air charmant
Qui des plus nobles cœurs triomphe en un moment.
J’en connus le pouvoir, j’en ressentis l’atteinte[4] ;
Contraint de vous aimer, j’aimai cette contrainte ; 110
Et je n’aspirai plus, par mille vœux offerts,
Qu’à vous faire avouer la gloire de mes fers[5].
Y consentirez-vous, belle Iris ? et pourrai-je
Promettre à mes désirs ce charmant privilége ?
Je ne demande point que sensible à mon feu 115
L’assurance du vôtre en couronne l’aveu ;
Je ne demande point qu’à mes vœux favorable
Vous vous montriez amante en vous montrant aimable,
Et que par un transport qui n’examine rien,
Le don de votre cœur suive l’offre du mien : 120
Quoi qu’on ait fait pour vous et de grand et d’insigne,
C’est un prix glorieux dont on n’est jamais digne,
Et que ma passion me faisant désirer,
L’excès de mes défauts me défend d’espérer.
Permettez seulement, pour flatter mon martyre, 125
Que vous osant aimer, j’ose aussi vous le dire ;
Qu’à vos pieds mon respect apporte chaque jour

  1. Var. Mais las ! cette recherche et vaine et téméraire.
    (Manuscrits de Conrart.)
  2. Var. Et vos attraits par elle à mes yeux mieux offerts.
    (Manuscrits de Conrart.)
  3. Var. Plus je vous observai, plus je connus de charmes.
    (Manuscrits de Conrart.)
  4. Var. J’en sentis les effets, j’en éprouvai l’atteinte.
    (Manuscrits de Conrart.)
  5. Var. Qu’a vous voir avouer la gloire de mes fers.
    (Manuscrits de Conrart.)