Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/254

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310Pour s’en pouvoir défendre il lui faudroit des charmes ;
Mais surtout cachez-lui ce que je fais pour vous[1],
Et ne m’exposez point aux traits de son courroux ;
Que je vous puisse encor trahir son artifice,
Et pour mieux vous servir, rester à son service.

ANGÉLIQUE.

315Rien ne m’échappera qui te puisse toucher[2] :
Je sais ce qu’il faut dire, et ce qu’il faut cacher.

POLYMAS.

Feignez d’avoir reçu ce billet de Clarine,
Et que…

ANGÉLIQUE.

Et que…Ne m’instruis point, et va, qu’il ne devine[3].

POLYMAS.

Mais…

ANGÉLIQUE.

Mais…Ne réplique plus, et va-t’en.

POLYMAS.

Mais…Ne réplique plus, et va-t’en.J’obéis.

ANGÉLIQUE, seule.

320Mes feux, il est donc vrai que l’on vous a trahis ?
Et ceux dont Alidor montroit son âme atteinte[4]
Ne sont plus que fumée, ou n’étoient qu’une feinte ?
Que la foi des amants est un gage pipeur !
Que leurs serments sont vains, et notre espoir trompeur !

  1. Var. Surtout cachez mon nom, et ne m’exposez pas
    Aux infaillibles coups d’un violent trépas. (1637-57)
  2. Var. Ne crains rien de ma part : je sais l’invention
    De répondre aisément à ton intention. (1637-57)
  3. Var.  [Ne m’instruis point, et va, qu’il ne devine :]
    S’il t’avoit ici vu, toute la vérité
    Paroîtroit, en dépit de ma dextérité.
    POL. C’est d’elle désormais que je tiendrai la vie.
    ANG. As-tu de la garder encore quelque envie ?
    Ne me réplique plus, et va-t’en. (1637)
  4. Var. Et ceux dont Alidor paroissoit l’âme atteinte. (1637-57)