Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/331

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périr ;

Mais sans savoir vos maux, les pourrai-je guérir ?

Le silence en amour est un lâche remède.

Tâchant à vous aider, méritez qu’on vous aide :

Laissez à votre bouche expliquer les discours

Que vos yeux languissants me font de vos amours.

Scène IV

Aglante, Cléonice, Orphise, Florine

(Orphise et Cléonice sont encore cachées, en sorte qu’on les voit.)

Cléonice

Orphise, entendez-vous cette jeune éventée ?

Orphise

Ne craignez rien, ma sœur : elle s’est mécontée.

Attaque qui voudra le cœur de votre amant.

Ce n’est pas un butin qu’on enlève aisément.

Oyez-le repartir à cette effronterie.

Florine

Quoi, Monsieur, vous voilà dedans la rêverie ?

Vous consultez encore, et votre bouche a peur

De confirmer un don que me fait votre cœur !

Aglante

Il serait trop heureux d’un si digne servage

S’il pouvait être à vous sans devenir volage :

Un autre objet possède et mes vœux et ma foi ;

Ne me demandez point ce qui n’est plus à moi.

Quand même je pourrais disposer de mon âme,

Pourriez-vous accepter une si prompte flamme ?

Pourriez-vous faire état d’un cœur sitôt en feu ?

Prise-t-on un captif, quand il coûte si peu ?

L’ennemi qui combat signale sa défaite,

Et couronne bien mieux le guerrier qui l’a faite ;

Mais celui qui se rend perd beaucoup de s