Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/535

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE V, SCÈNE V. 521

Et depuis sa prison, ce que vous avez vu,
Son adultère amour, son trépas imprévu,
N’est que la triste fin d’une pièce tragique
Qu’il expose aujourd’hui sur la scène publique,
Par où ses compagnons en ce noble métier
Ravissent à Paris un peuple tout entier.
Le gain leur en demeure, et ce grand équipage,
Dont je vous ai fait voir le superbe étalage,
Est bien à votre fils, mais non pour s’en parer
Qu’alors que sur la scène il se fait admirer.

Pridamant.

J’ai pris sa mort pour vraie, et ce n’étoit que feinte ;
Mais je trouve partout mêmes sujets de plainte.
Est-ce là cette gloire, et ce haut rang d’honneur
Où le devoit monter l’excès de son bonheur ?

Alcandre.

Cessez de vous en plaindre. À présent le théâtre
Est en un point si haut que chacun l’idolâtre,
Et ce que votre temps voyoit avec mépris
Est aujourd’hui l’amour de tous les bons esprits,
L’entretien de Paris, le souhait des provinces,
Le divertissement le plus doux de nos princes,
Les délices du peuple, et le plaisir des grands :
Il tient le premier rang parmi leurs passe-temps ;
Et ceux dont nous voyons la sagesse profonde
Par ses illustres soins conserver tout le monde,
Trouvent dans les douceurs d’un spectacle si beau
De quoi se délasser d’un si pesant fardeau.


1.Var. Son adultère amour, son trépas impourvu (a). (1639)
2. Var. Par où ses compagnons et lui dans leur métier. (1639-57)
3. Var. Ravissant dans Paris un peuple tout entier. (1639)
4. Var. Est en un point si haut qu’un chacun l’idolâtre. (1639-57)
5. Var. Parmi leurs passe-temps il tient les premiers rangs. (1639-64)

(a) Voyez tome I, p. 183, note 3.