Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’Infante.

Non, je veux seulement, malgré mon déplaisir,
Remettre mon visage un peu plus à loisir.
Je vous suis.
Je vous suis. Juste ciel, d’où j’attends mon remède,
Mets enfin quelque borne au mal qui me possède :
Assure mon repos, assure mon honneur.
Dans le bonheur d’autrui je cherche mon bonheur :
Cet hyménée à trois également importe ;
Rends son effet plus prompt, ou mon âme plus forte.
D’un lien conjugal joindre ces deux amants,
C’est briser tous mes fers et finir mes tourments.
Mais je tarde un peu trop : allons trouver Chimène,
Et par son entretien soulager notre peine.


Scène III.

LE COMTE, DON DIÈGUE.
Le Comte.

Enfin vous l’emportez, et la faveur du Roi
Vous élève en un rang qui n’étoit dû qu’à moi :
Il vous fait gouverneur du prince de Castille.

Don Diègue.

Cette marque d’honneur qu’il met dans ma famille
Montre à tous qu’il est juste, et fait connoître assez
Qu’il sait récompenser les services passés.

Le Comte.

Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes :
Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ;
Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans
Qu’ils savent mal payer les services présents.

Don Diègue.

Ne parlons plus d’un choix dont votre esprit s’irrite ;