Ce que tu dois savoir.
Mon honneur offensé sur moi-même se venge ;
Et vous m’osez pousser à la honte du change !
L’infamie est pareille, et suit également
Le guerrier sans courage et le perfide amant.
À ma fidélité ne faites point d’injure ;
Souffrez-moi généreux sans me rendre parjure :
Mes liens sont trop forts pour être ainsi rompus ;
Ma foi m’engage encor si je n’espère plus ;
Et ne pouvant quitter ni posséder Chimène,
Le trépas que je cherche est ma plus douce peine.
Il n’est pas temps encor de chercher le trépas :
Ton prince et ton pays ont besoin de ton bras.
La flotte qu’on craignoit, dans ce grand fleuve entrée,
Croit surprendre la ville et piller la contrée[1].
Les Mores vont descendre, et le flux et la nuit
Dans une heure à nos murs les amène[2] sans bruit.
La cour est en désordre, et le peuple en alarmes :
On n’entend que des cris, on ne voit que des larmes.
Dans ce malheur public mon bonheur a permis
Que j’ai trouvé chez moi cinq cents de mes amis,
Qui sachant mon affront, poussés d’un même zèle[3],
Se venoient tous offrir à venger ma querelle[4].
Tu les a prévenus ; mais leurs vaillantes mains
Se tremperont bien mieux au sang des Africains.
- ↑ Var. Vient surprendre la ville et piller la contrée. (1637-56)
- ↑ Il y a amène au singulier dans toutes les éditions publiées du vivant de Corneille. Celle de 1692 donne amènent.
- ↑ Var. Qui sachant mon affront, touchés d’un même zèle. (1660)
- ↑ Var. Venoient m’offrir leur vie à venger ma querelle.(1687-44 in-4o et 48-56)Var. Venoient m’offrir leur sang à venger ma querelle. (1644 in-12)