Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour le venger contre Rodrigue seul, mais terrible. L’Infante, de son balcon, fait entendre sa voix, et arrête les assaillants. Rodrigue s’arrête aussi en lui adressant des paroles de respect, poétiques et chevaleresques, qu’elle accueille gracieusement. Les spadassins intimidés refusent de suivre Rodrigue pour renouveler plus loin le combat, et se dispersent. « O valiente Castellano ! » s’écrie Urraque ; et ainsi finit la première journée.


sommaire de la deuxième journée.


Le palais du Roi. Chimène demande le châtiment de Rodrigue ; don Diègue prend la défense de son fils.

L’appartement de Chimène, où Rodrigue ose pénétrer et se montrer à Chimène, revenue du palais.

Un lieu désert, près de Burgos, où don Diègue revoie secrètement son fils, et lui confie une troupe des siens armée contre les Maures.

Une campagne et le château de plaisance où l’Infante, le soir, au balcon, voit passer Rodrigue allant en guerre, et lui adresse de tendres encouragements, reçus avec une courtoisie délicate par l’amant de Chimène.

Les montagnes d’Oca, au nord de Burgos, où la victoire du Cid sur les Maures est mise autant qu’il est possible en action.

Le palais du Roi, à Burgos, où d’abord le jeune prince don Sanche offre des traits singuliers de caractère, qui font prévoir son histoire future ; puis arrive Rodrigue amenant le chef qu’il a fait prisonnier ; Chimène alors reparaît en deuil, demandant encore sa vengeance dans les termes mêmes de l’ancienne ballade. Le Roi la congédie avec égards, et bannit Rodrigue en l’embrassant.


remarques.


C’est ainsi que s’étend d’une manière illimitée le champ et le mouvement de l’action, que Corneille s’applique surtout à resserrer. C’est la lutte du poëme dramatique contre l’épopée. Corneille veut se conformer a des règles qu’il croit être celles de la raison et de l’antiquité, mais qui en réalité, comme ou l’a compris seulement de nos jours, dérivent purement et simplement de la présence continuelle du chœur sur la scène grecque.

Scène Ière. Des six tableaux de la deuxième journée, le Ier termine le second acte de Corneille, le 2e et le 3e suffiront pour tout le troisième acte. Il faut bien convenir que notre poëte, en se refusant la grande représentation où tant de personnages sont en jeu, s’est condamné à relier son action par un certain nombre de petites scènes en