Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/277

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Imperent, sine magna clade, sine multo sanguine utriusque populi decerni possit. » Haud displicet res Tullo, quamquam tum indole animi, tum spe victoriæ ferocior erat. Quærentibus utrinque ratio initur, qui et fortuna ipsa præbuit materiam.

(XXIV.) Forte in duobus tum exercitibus erant tergemini fratres, nec ætate, nec viribus dispares. Horatios Curiatiosque fuisse satis constat, nec ferme res antiqua alia est nobilior ; tamen in re tam clara nominum error manet, utrius populi Horatii, utrius Curiatii fuerint. Auctores utroque trahunt ; plures tamen invenio, qui Romanos Horatios vocent : hos ut sequar, inclinat animus. Cum tergeminis agunt reges, ut pro sua quisque patria dimicent ferro : ibi imperium fore, unde victoria fuerit. Nihil recusatur, tempus et locus convenit. Priusquam dimicarent fœdus ictum inter Romanos et Albanos est his legibus : ut cujus populi cives eo certamine vicissent, is alteri populo cum bona pace imperitaret…

(XXV.) Fœdere icto, tergemini, sicut convenerat, arma

    de perte, et sans guère répandre de sang. » Ce langage ne déplut à Tullus, nonobstant que de son naturel, et de l’espérance de la victoire, qui le rendoit tant plus haut à la main, il fût assez difficile a ferrer ; et comme ils étoient après d’une part et d’autre à en chercher des moyens, la fortune leur en présenta l’occasion.

    (XXIV.) « Car d’aventure se trouvèrent lors en chacune des deux armées trois frères jumeaux ne différant comme en rien d’âge et de force : les Horaces et Curiatiens. De cela on ne fait nulle doute ; de tous les anciens beaux faits d’armes n’y en ayant point de plus brave et renommé que cestui-ci. Néanmoins en une chose si manifeste et connue, il se trouve une incertitude des noms : de quel peuple étoient les Horaces et de quel les Curiatiens, car les auteurs varient en cet endroit : la plupart toutefois appellent les Horaces Romains ; par quoi je leur veux adhérer. Les rois moyennent envers eux de leur faire accepter le combat, trois contre trois, pour l’honneur et gloire de leur patrie ; car la domination demoureroit à celui dont les champions auroient le dessus…

    (XXV.) « L’accord passé, les trois jumeaux s’en vont armer, suivant