Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/301

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Oubliez Curiace, et recevez Valère,
Vous ne tremblerez plus pour le parti contraire ;
Vous serez toute nôtre, et votre esprit remis
N’aura plus rien à perdre au camp des ennemis.

CAMILLE.

Donnez-moi des conseils qui soient plus légitimes,
Et plaignez mes malheurs sans m’ordonner des crimes.
Quoiqu’à peine à mes maux je puisse résister,
J’aime mieux les souffrir que de les mériter.

JULIE.

Quoi ! vous appelez crime un change raisonnable ?

CAMILLE.

Quoi ! le manque de foi vous semble pardonnable ?

JULIE.

Envers un ennemi qui peut nous obliger[1] ?

CAMILLE.

D’un serment solennel qui peut nous dégager ?

JULIE.

Vous déguisez en vain une chose trop claire :
Je vous vis encore hier entretenir Valère ;
Et l’accueil gracieux qu’il recevoit de vous
Lui permet de nourrir un espoir assez doux[2].

CAMILLE.

Si je l’entretins hier et lui fis bon visage,
N’en imaginez rien qu’à son désavantage :
De mon contentement un autre était l’objet.
Mais pour sortir d’erreur sachez-en le sujet ;
Je garde à Curiace une amitié trop pure
Pour souffrir plus longtemps qu’on m’estime parjure.
PoIl vous souvient qu’à peine on voyoit de sa sœur[3]

  1. Var. Envers un ennemi qui nous peut obliger ?
    ---cam. D’un serment solennel qui nous peut dégager ? (1641-56)
  2. Var. Lui permet de nourrir un espoir bien plus doux. (1641-56)
  3. Var. Quelques cinq ou six mois après que de sa sœur