Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/323

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La dispute déjà m’en est assez honteuse :
Souffre qu’avec honneur je termine mes jours.

SABINE.

Va, cesse de me craindre : on vient à ton secours.


Scène VII.

LE VIEIL HORACE, HORACE, CURIACE, SABINE, CAMILLE.
LE VIEIL HORACE.

Qu’est-ce-ci, mes enfants ? écoutez-vous vos flammes,
Et perdez-vous encor le temps avec des femmes ?
Prêts à verser du sang, regardez-vous des pleurs ?
Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs.
Leurs plaintes ont pour vous trop d’art et de tendresse.
Elles vous feraient part enfin de leur faiblesse,
Et ce n’est qu’en fuyant qu’on pare de tels coups.

SABINE.

N’appréhendez rien d’eux, ils sont dignes de vous.
Malgré tous nos efforts, vous en devez attendre
Ce que vous souhaitez et d’un fils et d’un gendre ;
Et si notre faiblesse ébranlait leur honneur[1],
Nous vous laissons ici pour leur rendre du cœur.
NoAllons, ma sœur, allons, ne perdons plus de larmes[2] :
Contre tant de vertus ce sont de faibles armes[3].
Ce n’est qu’au désespoir qu’il nous faut recourir.
Tigres, allez combattre, et nous, allons mourir.

  1. Var. Et si notre foiblesse avoit pu les changer.
    ---Nous vous laissons ici pour les encourager. (1641-64)
  2. Var. Allons, ma sœur, allons, ne perdons point de larmes. (1641-48 et 55 A.)
  3. Var. Contre tant de vertu ce sont de foibles armes. (1641, 48, 55 et 60)