Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/345

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Et remet à demain la pompe qu’il prépare[1]
D’un sacrifice aux Dieux pour un bonheur si rare ;
Aujourd’hui seulement on s’acquitte vers eux
Par des chants de victoire et par de simples vœux.
C’est où le Roi le mène, et tandis il m’envoie
Faire office vers vous de douleur et de joie ;
Mais cet office encor n’est pas assez pour lui ;
Il y viendra lui-même, et peut-être aujourd’hui :
Il croit mal reconnoître une vertu si pure[2],
Si de sa propre bouche il ne vous en assure,
S’il ne vous dit chez vous combien vous doit l’État.

LE VIEIL HORACE.

De tels remercîments ont pour moi trop d’éclat,
Et je me tiens déjà trop payé par les vôtres
Du service d’un fils, et du sang des deux autres[3].

VALÈRE.

Il ne sait ce que c’est d’honorer à demi ;
Et son sceptre arraché des mains de l’ennemi
Fait qu’il tient cet honneur qu’il lui plaît de vous faire[4]
Au-dessous du mérite et du fils et du père.
Je vais lui témoigner quels nobles sentiments
La vertu vous inspire en tous vos mouvements,
Et combien vous montrez d’ardeur pour son service.

LE VIEIL HORACE.

Je vous devrai beaucoup pour un si bon office.

  1. Var. Et remet à demain le pompeux sacrifice
    ----Var.Que nous devons aux Dieux pour un tel bénéfice. (1641-56)
  2. Var. Cette belle action si puissamment le touche,
    ----Var.Qu’il vous veut rendre grâce, et de sa propre bouche,
    ----Var.D’avoir donné vos fils au bien de son État. (1641-56)
  3. Var. Du service de l’un, et du sang des deux autres.
    ----Var.val. Le Roi ne sait que c’est d’honorer à demi. (1641-56)
  4. Var. Fait qu’il estime encor l’honneur qu’il vous veut faire. (1641-60)