Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/35

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« Je prétends donc prouver contre cette pièce du Cid :
Que le sujet n’en vaut rien du tout,
Qu’il choque les principales règles du poëme dramatique,
Qu’il manque de jugement en sa conduite,
Qu’il a beaucoup de méchants vers,
Que presque tout ce qu’il a de beautés sont dérobées. »

Cette diatribe, vantée comme un chef-d’œuvre par les envieux de Corneille, qui, à eux seuls, formaient un public, eut trois éditions[1].

En se voyant traiter de la sorte par un homme qu’il considérait comme son ami, Corneille dut se reprocher vivement les pièces de vers qu’il avait écrites en sa faveur[2]. Les partisans de Scudéry cherchaient en vain un motif ou du moins un prétexte à sa colère : ils n’en pouvaient alléguer de plausible. L’un d’eux, un peu surpris de l’ardeur avec laquelle le critique poursuit tout ce qui lui semble pouvoir donner lieu à quelque observation, en vient à former cette conjecture au moins singulière : « Je ne puis croire néanmoins, dit-il, que M. Corneille ne l’aye sollicité à en prendre la peine par quelque mépris qu’il peut avoir fait de sa personne ou de ses œuvres, à quoi il y a peu à redire. Bien qu’il y ait quantité de gens dénaturés et sans jugement, qui ont aversion pour les beautés, et qui trouvent mauvais que Belleroze sur son théâtre donne nom à l’Amant libéral, le chef-d’œuvre de M. de Scudéry, ce beau poëme ne perd rien de son éclat pour cela, non

  1. L’une a pour titre : Les Fautes remarquées en la Tragicomedie du Cid. À Paris. Aux despens de l’Autheur. M.DC.XXXVII. Le titre de départ porte : Obseruations sur le Cid. Le tout forme un petit volume in-8o, contenant 43 pages. — Une autre édition est intitulée : Obseruations sur le Cid. À Paris. Aux despens de l’Autheur. M.DC.XXXVII, in-8o. Elle se compose de i feuillet de titre et de 96 pages. — Enfin une troisième porte exactement le même titre que la précédente, avec cette addition : ensemble l’Excuse à Ariste et le Rondeau ; cette dernière édition, également in-8o, se compose de i feuillet de titre, de 3 feuillets non chiffrés et de 96 pages. Dans sa Lettre à l’Académie, Scudéry parle de la quatrième comme devant être prochainement publiée, mais tout porte à croire qu’il n’a pas donné suite à ce dessein.
  2. Voyez l’Avertissement, tome I, p. xi, et les Poésies diverses.