Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/39

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ressants à recueillir sur la façon dont fut publiée la Lettre apologétique : « J’étois tout prêt, dit Claveret, de vous signer que vous êtes plus grand poëte que moi, sans qu’il fût nécessaire que vous empruntassiez les voix de tous les colporteurs du Pont-Neuf pour le faire éclater par toute la France[1]. » — « Songez, ajoute-t-il un peu plus loin, que votre apologie fait autant de bruit dans les rues que la Gazette, que les voix éclatantes de ces crieurs devroient être seulement employées à publier les volontés des princes et les actions des grands hommes, et que le beau sexe que vous empêchez de dormir le matin déclamera justement contre votre poésie[2]. » Claveret, du reste, se résigne à son tour à ce mode de publication tant blâmé par lui : « Je suis marri…, dit-il, que je sois réduit à cette honteuse nécessité de faire voir ma lettre par les mêmes voies dont vous avez usé pour débiter vos invectives[3]. »

Tous ceux qui prirent part à cette polémique agirent sans doute de la même façon, car nous lisons à la fin d’un volume d’une certaine épaisseur qui semblait fait pour figurer aux étalages de la Galerie du Palais : « Ma pauvre muse, après avoir couru le Pont-Neuf et s’être ainsi prostituée aux colporteurs, sera possible reçue aux filles repenties[4]. »

La lettre de Claveret renferme quelques passages assez curieux dont nous avons fait usage dans l’occasion[5], mais elle n’est guère de nature à être analysée. Remarquons seulement qu’il en existe une autre, intitulée : Lettre du sieur Claueret à Monsieur de Corneille[6], mais entièrement différente de celle dont nous venons de parler. La rareté de cette pièce est telle qu’elle est restée inconnue à la plupart des éditeurs de Corneille et que, malgré le témoignage des frères Parfait, M. Taschereau, qui a fait preuve dans l’Histoire de la vie et des ouvrages de Corneille de connaissances bibliographiques si étendues

    p. 3, est ainsi conçu : Lettre contre une inuective du Sr Corneille, soy disant Autheur du Cid.

  1. Page 4.
  2. Page 13.
  3. Page 9.
  4. Examen de ce qui s’est fait pour et contre le Cid, p. 103.
  5. Voyez tome I, p. 130, et tome II, p. 218 et 219.
  6. In-8° de 13 pages, sans indication de lieu d’impression et sans date.