Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/40

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et si précises, était tenté de douter de son existence[1]. Elle figure à la Bibliothèque impériale dans le recueil qui a pour numéro Y 5665. En comparant avec quelque attention les deux libelles qui portent le nom de Claveret, on s’aperçoit qu’ils ne peuvent avoir été écrits l’un et l’autre par le même auteur. En effet, ils ne se font nullement suite, et chacun d’eux a l’apparence d’une réponse directe et unique à la Lettre apologétique. Celle dont nous avons parlé d’abord commence ainsi : « Monsieur, j’avoue que vous m’avez surpris par la lecture de votre Lettre apologitique (sic), et que je n’attendois pas d’un homme qui faisoit avec moi profession d’amitié une si ridicule extravagance… » Le début de la seconde n’est pas moins vif : « J’étois en terme de demeurer sans repartir, et de ne me venger que par le mépris, voyant que les justes risées que l’on fait de vos ouvrages sont pour vous des sujets de vanité… » Évidemment, dans ces deux réponses, il y en a une qui est supposée ; il n’est nullement vraisemblable que ce soit la première dont l’authenticité n’a jamais été révoquée en doute, et qui contient un certain nombre de renseignements, tandis que la seconde est une déclamation des plus banales et des plus vides. Remarquons d’ailleurs, sans attacher à ce fait plus d’importance qu’il n’en mérite, que l’auteur du second pamphlet, après s’être adressé, comme nous l’avons vu, directement à Corneille, semble ensuite oublier son rôle ou négliger à dessein de le remplir, à tel point qu’il parle à chaque instant de Claveret à la troisième personne : « Bon Dieu ! quelle façon d’écrire est la vôtre, et combien en ce point êtes-vous au-dessous, je ne dis pas de Claveret, mais du moindre secrétaire de Saint-Innocent[2] ! » Et plus loin : « Quant à Claveret, vous l’avez vengé vous-même. » Enfin le nom qui se trouve à la fin de la pièce est amené de telle façon qu’il pourrait n’être pas une véritable signature : « Apprenez donc aujourd’hui que quand aux trente ans d’étude que vous avez si mal employés, vous en auriez encore ajouté trente autres, vous ne sauriez faire que vous ne soyez au-dessous de

CLAVERET. »

  1. Deuxième édition, p. 305, note 13.
  2. Voyez tome II, p. 442, note 3.