Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 3.djvu/46

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donné que MM. de Bourzey et des Marests y joindroient les leurs ; et soit que cela fût exécuté ou non, de quoi je ne vois rien dans les registres, tant y a que M. Chapelain fit un corps, qui fut présenté au Cardinal écrit à la main. J’ai vu avec beaucoup de plaisir ce manuscrit apostillé par le Cardinal, en sept endroits, de la main de M. Citois, son premier médecin. Il y a même une de ces apostilles dont le premier mot est de sa main propre[1] ; il y en a une aussi qui marque assez quelle opinion il avoit du Cid. C’est en un endroit où il est dit que la poésie seroit aujourd’hui bien moins parfaite qu’elle n’est, sans les contestations qui se sont formées sur les ouvrages des plus célèbres auteurs du dernier temps, la Jérusalem, le Pastor fido. En cet endroit, il mit en marge : « L’applaudissement et le blâme du Cid n’est qu’entre les doctes et les ignorants, au lieu que les contestations sur les autres deux pièces ont été a entre les gens d’esprit[2] ; » ce qui témoigne qu’il étoit persuadé

  1. Ce manuscrit appartient depuis longtemps à la Bibliothèque impériale ; Il figure sous le n° Y 5666, à la page 549 du tome I des Belles-Lettres du Catalogue des livres imprimez de la Bibliothèque du Roy, publié en 1750. L’année dernière (1861) il a passé du Département des imprimés au Département des manuscrits, où il porte actuellement le no 5541 du Supplément français. C’est un petit in-4o de 63 pages. Il était intitulé d’abord : Les Sentimens de l’Académie françoise touchant les observations faites sur la tragicomedie du Cid. Ce titre a été ainsi modifié : Les Sentimens de l’Académie françoise sur la question de la tragicomedie du Cid. On lit en tête du premier feuillet cette note de l’abbé Sallier, garde des manuscrits de la Bibliothèque du Roi : « De la main de Mr Chapelain, avec des apostilles de M. le cardinal de Richelieu. Témoignage de Mr l’abbé d’Olivet. 7bre 1737. » Dans le catalogue imprimé de 1760, cette note est reproduite ; mais d’Olivet n’est pas nommé. Nous pensons, contrairement à l’opinion de Pellisson, que quatre des sept apostilles sont entièrement de la main du Cardinal ; nous les passerons en revue une à une dans les notes suivantes.
  2. Cette apostille qui se trouve à la page 5 est d’une écriture menue, irrégulière, difficile à lire : c’est probablement celle de Citois. À la page 13, ces deux apostilles : « il faut un exemple », « il faut un tempérament », sont d’une grosse et belle écriture, qui présente avec celle des lettres autographes de Richelieu la conformité la plus frappante. À la page 29, à l’occasion du reproche fait à Rodrigue d’avoir formé le dessein de tuer le Comte, dont la mort n’était pas